La pratique sportive handivoile en équipage

La voile sportive en équipage des personnes en situation de handicap est présentée sur 3 volets :

  • la voile paralympique sur Sonar
  • les navigateurs en situation de handicap
  • des exemples d’aménagement des différents postes en fonction des handicaps à bord de Sonar

La voile paralympique en équipage : Une médaille d’argent pour la 1ère participation de la France aux Jeux de Pékin, et deux titres de champion du monde en 2013 et 2014.

La voile handisport se développe à la fin des années 90 par la pratique en monoplace : sur MiniJi ou en classe Paralympique, le 2.4.

La victoire de Damien en 2.4 lors des Jeux Paralympiques d’Athènes marquera un tournant dans la pratique sportive des personnes en situation de handicap (moteur ou visuel). Elle participera à l’avènement du Sonar en France, la série paralympique, en équipage.

Ainsi, à partir de 2005, le pôle France handisport Voile implanté à l’ENVSN, accueille la série Sonar (quillard de sport à 3 équipiers). Durant la paralympiade de Pékin, une dizaine de coureurs vient s’entraîner sur le support avec à la clé une 1ère participation de la France couronnée d’une médaille d’argent.

L’engagement des deux fédérations (FFH & FFVoile) à développer la pratique en équipage via le Sonar, répond à un désire des coureurs en situation de handicap de pouvoir se confronter en équipage à leur pairs. L’originalité du Sonar repose sur un équipage composé uniquement de coureur handi. Le niveau du handicap fonctionnel des équipiers est évalué selon une échelle de 1 à 7. Cette classification spécifique est définie par l’IFDS, la fédération internationale qui gère la pratique sportive handivoile. Plus la personne est handicapée moins elle totalise de point.

La pratique en équipage s’organise autour de 3 grands principes :

  1. Le cumul du handicap de chaque coureur au sein de l’équipage ne doit pas dépasser 14 ;
  2. Un des membres de l’équipage doit être assis à l’intérieur du cockpit ;
  3. Les aménagements proposés doivent être soumis à l’IFDS.

Des exemples d’aménagement sont présentés en fin d’article.

Des navigateurs en situation de handicap

Il n’est pas rare de croiser en quillard de sport (type dayboat) des navigants handi. Par exemple : Bruno Jourdren à la barre d’un Classe 8 ou d’un Melges 24 ou encore de Luc Videau sur un J24 ou un Laser SB3, … Malgré leur handicap ces navigants ne disposent pas d’aménagement particulier. Ils cherchent avant tout à optimiser l’ergonomie de leur bateau. Ce désir de ne pas faire appel à un aménagement spécifique devient un point fort dans la préparation de leur bateau. La particularité de leur engagement repose sur le caractère spontané de leur démarche animée par le sentiment d’être marin avant tout.

Deux autres leviers semblent initier ces projets. Le contexte de la mixité des coureurs handi/valide au sein d’un même équipage et l’engagement personnel des marins précités à piloter leur projet. Dans le cas contraire, l’intégration de l’équipier handi est tributaire de la volonté de l’équipage.

Il existe de nombreuses initiatives pour l’intégration d’équipier handi lors de compétitions en habitable. D’un point de vue réglementaire, le nombre de handi à bord est limité par un ratio de 50%.

Citons les 4 projets qui se sont fait connaitre auprès de la commission voile de la FFH :

Seul, le quatrième projet fait appel à un aménagement spécifique ; celui du poste de barreur, partagé par deux marins tétraplégiques.

Présentation des aménagements possibles sur Sonar

Les aménagements apportés au bateau ont pour but de faciliter les tâches devant être accomplies par les équipiers afin que celles-ci deviennent aussi précises que celles réalisées par des coureurs valides.

Le bateau français double champion du monde 2013 et 2014, ne comporte pas d’aménagement lourd mais des modifications permettant à chacun d’assurer son rôle le plus efficacement possible.

  • Aménagement poste du barreur (plexus brachial – bras droit) : Un cale-pied posé au niveau de la barre d’écoute permet à Bruno Jourdren de se mettre au rappel sans un effort particulier. Il avait installé une sangle lui permettant de bloquer son pied au rappel mais cet aménagement a été interdit. Depuis 2013, une barre plus longue et plus haute lui facilite la tâche.
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aménagement du poste de barre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Aménagement poste régleur GV (agénésie avant bras gauche) : l’ensemble des taquets contrôlant les commandes du pataras et du chariot est installé sur la droite, offrant à Eric flageul un contrôle optimal, quelque soit l’amure.
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Vue des postes régleurs GV et Foc

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Aménagement poste régleur foc (cécité) : Nicolas Vimont-Vicary est assis à l’intérieur du bateau (comme les règles l’exigent). Il est installé sur des rehausseurs lui permettant de mieux percevoir l’environnement et d’être plus actif. Des marques tactiles ont été faites sur les écoutes et drisses pour qu’il puisse reproduire un réglage d’un bord sur l’autre.
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L’équipage en action de gauche à droite : Nicolas, Eric et Bruno

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Suite à la présentation des aménagements mis en place sur le bateau  Français, vous trouverez quelques autres réponses apportées par les équipages étrangers au regard des handicaps à bord.

Tétraplégie

Plusieurs équipages sont composés avec un barreur tétraplégique (seul poste pouvant être tenu), à l’instar des Grecs (vice champion du monde en 2009) et des Australiens. Lors du mondial 2014, ces 2 équipages proposent un système différent d’aide.

Sur le bateau grec, une plateforme centrale est installée en avant de la barre d’écoute. Ce dispositif existe depuis plus de 10 ans et a permis à plusieurs barreurs tétraplégiques de naviguer en Sonar. Cette plateforme est munie d’un  axe central sur lequel est fixé un pédalier actionné à la main pour diriger le bateau et d’un siège monté sur un rail traversant permettant au barreur de passer d’un bord à l’autre. La commande pour le transfert d’une amure à l’autre est contrôlée par le régleur de GV placé en arrière de la barre d’écoute.

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Bateau grec : aménagement de la plage arrière

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Australiens (2sd équipage) ont fait le choix de maintenir le barreur en arrière du rail d’écoute. Le transfert d’un bord à l’autre est contrôlé par le barreur lui-même. Ce système est asservi à une pompe hydraulique située à l’intérieur du bateau et le pivotement du siège se fait dos au mât (pour le passage des jambes). Les australiens ont essayé ce système pour la 1ère fois en régate lors du mondial. Il s’avère que la mise au point reste quelque peu compliquée.

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Bateau Australien : poste de barre

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système hydraulique (à peine visible)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Paraplégie et/ou handicap associé(s) :

Le système de classification amène un grand nombre d’équipage à embarquer une personne en fauteuil. Si des systèmes d’aide mécanique sont proposés aux tétraplégiques, les paraplégiques se limitent à l’utilisation d’un simple banc de transfert (probablement pour un gain de poids), les obligeant à se transférer à la force des bras.

Présentation de trois modèles de banc de transfert souvent accompagné d’une barre de transfert.

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Bateau de l’équipage Anglais – barreur paraplégique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Bateau de l’équipage Allemand – le régleur de GV et celui de Foc sont en fauteuil

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aménagements liés à d’autres type de handicap.

Le barreur de l’équipage australien (3ème du mondial 2014 ) est installé à l’intérieur du bateau avec un rehausseur. Il s’est inspiré du dispositif mis en place pour Nicolas.

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Équipage Australien – les 3 coureurs « sont debout ». Le barreur est assit à l’intérieur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’équipage Canadien (2ème du mondial 2014) est composé de deux personnes en fauteuil, le barreur et le numéro 1. Le barreur Paul Tingley (médaille d’or à Pékin en monoplace) réussit malgré sa paraplégie à se hisser sur le franc bord du bateau, seul une barre de transfert lui donne un point d’appui.

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L’équipage Canadien avec deux personnes en fauteuil dont le barreur assit sur le franc bord

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plusieurs équipages n’ont pas ou peu d’aménagement, tels que l’Italien ou encore le Néozélandais.

 

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intérieur du bateau néozélandais.

IFDS World Championship 2014 in Halifax, Nova Scotia, Canada

Peut d’aménagement pour le bateau italien, le barreur doit se tenir au vent !!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Revenons sur la pratique du Sonar en France et plus particulièrement à la période de 2005 à 2008, durant laquelle deux à trois équipages naviguaient régulièrement. L’un des barreurs, Marcel Berthome, paraplégique, a utilisé rapidement un banc de transfert mécanique lui permettant de se centrer sur la conduite avec un gain de confort et une diminution du coût énergétique lié au transfert.

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L’aménagement du poste de barreur du bateau barré par Marcel Berthomé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce banc a été utilisé lors du championnat du monde de J80 en juillet 2007 à la Trinité et lors des entraînements préparatoires.

 

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Marcel Berthomé et son banc de transfert lors d’un entraînement en J80. Nous reconnaissons Damien Seguin régleur de Spi et Thierry Crepel au piano.

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J80, championnat du monde à la Trinité en juillet 2007, Marcel à la barre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

cet article a été coécrit par Marie et Jean-Jacques Dubois

 

 

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